Minuscule - Ce que ne savent pas les muses

Minuscule - Ce que ne savent pas les muses
Ce que ne savent pas les muses,
quand je les ennuie,
qu'il faut qu'elles me fuient,
ne me trouvant plus assez d'excuses,

parce que je suis trop moi-même,
trop fou, trop enfant,
ou bien trop présent,
ou que je crois trop qu'elles m'aiment,

ce que les muses ne savent donc pas,
c'est que rien ne compense
leur insupportable absence.
La nature ne comble pas ce vide-là.

Parties, elles font encore et toujours mon art
mais couleur, lumière et envie
laissent place à la mélancolie,
aux idées noires, aux infinis cauchemars.

Enfin ce que les muses devraient savoir,
c'est que je ne changerai pas :
des excès, des faux pas;
mais que leur retour est mon intime espoir,

et que je maudisse, hurle ou gesticule,
je mesure mon importance
à l'aune de leur silence
et qu'ainsi je me sais tout petit, minuscule.

Christian Dehais
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Minuscule - Ce que ne savent pas les muses

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