La blessure d'abandon

La blessure d'abandon
Puisqu'à nouveau je dois le subir, je peux analyser le sentiment d'abandon qui me submerge à chaque départ d'une personne aimée...
Souvent je dis que je tombe dans un trou quand mon moral plonge. Cette image est juste quand la raison de la chute est externe, comme une musique divine, un coucher de soleil sur la mer, les larmes d'une inconnue. 

Mais quand c'est un être cher qui s'éloigne, qui s'enfuit plutôt, je m'aperçois que le gouffre est en moi. Je deviens moi-même subitement cet abîme. C'est une sensation de vide absolu, de froid intense, de sidération mortelle. Le moindre effort devient insurmontable puisqu'aucune énergie ne peut émaner d'un être qui n'est plus rien. Le lien qui m'unissait à cette personne vient d'être arraché, et ce qui y circulait se répand comme le sang d'une blessure profonde.

Je mesure la perte immense, pleure ce qu'on m'a donné puis repris, compare tout ce qui était et le peu qui reste. L'oubli serait la meilleure solution, mais l'amnésie n'est pas pour moi. C'est tout le contraire. Je me souviens de tout, chaque détail du bonheur passé resurgit, tranchant comme le fil d'un rasoir qui entaille ma raison d'être au présent.

Le pire c'est que je sais très bien qu'en exprimant ce désarroi intense, je ne fais qu'effrayer l'objet de mon amour en le chargeant d'une responsabilité injuste et insupportable. Faute de l'oublier, il faudrait faire semblant, me contrefaire. Il faudrait me taire.
La blessure d'abandon

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