Cet auteur américain a l'enviable talent d'écrire d'énormes pavés extrêmement digestes et captivants. Ses romans retracent la vie entière de ses héros qu'il place dans des situations hautement improbables mais auxquelles on croit de toutes nos forces. C'est un magicien.
dans le Monde selon Garp, le héros et sa femme forme un couple un peu distendu que le hasard (ou bien des forces divines ?) va cruellement punir : ils habitent dans un coin reculé des Etats-Unis où les routes désertes vont tout droit en faisant des montagnes russes. Un soir sans lune, la femme fait une petite gâterie à son amant dans la voiture de ce dernier qui est garée au bord de la route. De son côté, le mari rentre chez lui en voiture en compagnie de son jeune fils qui a l'habitude de se tenir à l'arrière (pas de ceinture de sécurité à l'arrière à cette époque) avec la tête entre les 2 sièges avant pour bien voir la route. Pour faire plaisir à son fils, le héros décide de profiter de la configuration de la route pour faire dévaler sa voiture à toute vitesse et tous feux éteints, histoire de se faire un petit frisson. Pas de chance ils rentrent de plein fouet dans la voiture de l'amant qui se retrouve la verge coupée net par les dents de sa maîtresse.
Pendant un long moment dans le roman, on ne sait pas ce qui est arrivé au fils. Il s'avère qu'il a perdu un œil dans l'accident, transpercé par le levier de vitesse.
A ma (modeste) connaissance, seul John Irving est capable d'imaginer de pareilles tragédies presque comiques.