Si j'ai dessiné Axel Kahn, ce n'est pas pour faire son panégyrique, je le connais beaucoup trop mal pour ça et d'ailleurs le mérite-t-il ? D'après ce que j'en sais maintenant, tout le monde n'était certainement pas d'accord sur tout avec lui...
Il y a des gens dont on entend parler de temps en temps parce que ce qu''ils font est remarquable ou ce qu'ils disent est influant dans leur milieu, mais dont on oublie rapidement l'existence. Pour moi, c'était le cas d'Axel Kahn. Un nom qui dit vaguement quelque chose sans doute parce que son frère Jean-François Kahn est un journaliste politique connu de longue date, sinon guère plus...
Pourtant en mai dernier France Inter a diffusé une interview d'Axel Kahn qui m'a profondément touché. Il se savait condamné par un cancer, ironie du sort pour ce généticien, président de la Ligue nationale contre le cancer. Voici ce qu'il disait :
"C'est intéressant comme expérience. On ne la vit qu'une seule fois puisque ensuite on est mort. Je me demandais quelle serait (...) mon attitude en m'approchant de la mort. Voilà je m'en approche et donc je le vis. Je ne le fais pas en chantant, j'aime la vie. Mais je ne le fais pas non plus dans la terreur. Je le fais avec détermination. C'est une période (...) très importante de ma vie, très importante. J'ai souvent dit que personne n'était autre chose que ce qu'il fait. Imaginons qu'il me reste 3,4 semaines à pouvoir faire. Mais alors le choix de ce que je fais, la manière dont je le fais sont plus importants que jamais (...)"
C'est toujours émouvant d'écouter une personne qui parle de sa mort prochaine, cette chose que nous redoutons tous, face à laquelle nous nous présenterons tous un jour, seuls et nus. C'est ce qui m'a fait réagir.
Mais ces paroles donnent à réfléchir aussi. A quoi sert de se lamenter de cette issue inévitable ? La vie se passe avant la mort, et ce qui compte c'est la vie, peu importe qu'il en reste peu ou peut-être beaucoup. Axel Kahn était décidé à richement occuper les quelques jours qu'il lui restait et je suis convaincu qu'il l'a fait. Il est mort hier, le 6 juillet 2021.
Pour autant, devons-nous attendre de nous savoir condamnés à mourir bientôt pour donner le meilleur de nous, pour vouloir le meilleur pour nous ? Condamnés nous le sommes, alors vivons vraiment, sans attendre, ici et maintenant.
Pour en savoir plus sur Axel Kahn : https://www.francetvinfo.fr/societe/axel-kahn/mort-d-axel-kahn-itineraire-d-un-medecin-humaniste-pour-qui-la-mort-n-existe-pas_4691727.html?fbclid=IwAR1jiChgV7CDp13AQKXRQHAa4tRkt_mYBMYpgs5s6rEg3w8SZO5K7Xvx0vg