Le mur invisible

Hier soir j'ai regardé sur Arte "Le mur invisible" avec Martina Gedeck et réalisé par Julian Roman Pölsler, un de ces films qui, je crois, restera longtemps dans ma mémoire. Je suis tombé dessus par hasard et mon attention a d'abord été captivée par l'image et l'ambiance. Il en est des films comme des personnes, on sait immédiatement qu'on va pouvoir les accueillir sans peine, en retirer une certaine richesse, ou non. Je n'ai pas été déçu.

En résumé, l'héroïne se retrouve complètement isolée dans un chalet des Alpes autrichiennes par un mur invisible qui la sépare soudainement du reste du monde où toute vie semble avoir été figée. Elle doit alors faire face à sa survie, à sa profonde solitude, à son rapport à la nature, aux animaux, au temps, à elle-même. En fait, il me semble que ce mur de science-fiction n'est qu'un prétexte pour contraindre le personnage à vivre tout ceci. On peut monter son propre mur intérieur pour y parvenir.

L'histoire, fidèlement tirée d'un roman de l'écrivaine autrichienne Marlen Haushofer ("Die Wand"), est racontée à la première personne et on ne connait donc pas le nom de ce "Je". Il est vrai que "Je" est toujours un inconnu pour les autres. 

Le récit est intimiste, empreint de la lenteur nécessaire à l'expression du temps qui passe au point de devenir flou, de la peur, du doute, de la réflexion, de l'affection, du devenir de l'être.

Le réalisateur a traduit tout ceci en longs plans fixes, en cadrages désaxés dans lesquels on voit autre chose à côté de ce "Je", en alternance de clairs-obscurs, de secrètes scènes animalières et de paysages somptueux, accompagnés d'une voix "off" ne cessant de se confier à bas mots, d'une rare musique et des sons de la nature, qui en font un très bel objet cinématographique.