En début d'année, on a en général l'habitude de prendre de bonnes résolutions. Mauvaise tradition selon moi, puisqu'en général aussi on ne les tient pas, et pourquoi attendre une nouvelle année pour tenter de s'améliorer ? Alors aujourd'hui je n'ai pas voulu atermoyer encore quelques jours pour ressortir ma carcasse et mon vélo, afin de mettre en œuvre une promesse que je me fais depuis des semaines, d'autant plus que l'atmosphère semblait se moquer éperdument de l'hiver.
En grimpant doucement la côte près de chez moi, je pensais aux différentes fêtes qui marquent cette période de l'année, en particulier la toute prochaine qui sera mon 64ème changement d'année calendaire, mais sera malgré tout une première, puisque cette fois je basculerai seul. Moi qui souhaite encore beaucoup de premières fois, me voilà servi. Je dois avouer aborder ça avec une pointe de mélancolie mais avec une assez bonne dose de sérénité. On verra, enfin je verrai. Je me prévois un bon repas afin de n'apitoyer personne.
En dehors de ça, je réfléchissais à la très relative signification de ces fêtes de fin d'année, sensées marquer différents renouveaux, et je regrettais que, au moins dans l'hémisphère nord où je vis, le solstice d'hiver n'en fasse pas partie. C'était le 21 décembre cette année mais il peut se produire le 22 ou le 23 décembre en fonction des imperfections de notre calendrier grégorien et de ses nécessaires corrections que sont les années bissextiles.
Si des extraterrestres anthropologues nous observent, ils doivent se demander pourquoi tant d'humains ratent systématiquement le seul évènement observable qui marque notre planète, ce moment d'une importance capitale qui fait que les jours dans sa moitié nord recommencent à croitre, promesse de la nature faite aux hommes que le froid qui s'installe ne durera pas éternellement, qu'il y aura un nouveau printemps avec des fleurs et un nouvel été avec des récoltes, véritable début d'une nouvelle révolution de la Terre autour du Soleil, d'une nouvelle année.
Il faudrait leur expliquer que l'histoire de l'humanité est souvent injuste et compliquée, que si nos très lointains ancêtres étaient plus qu'attentifs à ce miracle naturel et le célébraient comme il se doit, la croyance de la religion chrétienne, qui s'est voulue longtemps dominante et sans partage, leur a implacablement interdit ces fêtes païennes en les arrachant de leur origine, pour la substituer avec la naissance du fils de leur dieu, signe d'un espoir renouvelé. Déconnectée du moindre phénomène naturel, et à cause des aléas du calendrier des vainqueurs, la fête s'est décalée et a été fixée immuablement au 25 décembre.
A propos de calendrier, il faudrait aussi leur dire qu'il en existe des dizaines, presque aussi nombreux et variés que les peuples, et leur proposer de prendre connaissance de cette page Wikipédia, en leur souhaitant bien du courage : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_calendriers
Arrivé au bout de ma réflexion et de ma montée, je me suis fait 2 promesses supplémentaires : mieux fêter à l'avenir l'arrivée de l'hiver septentrional, seul s'il le faut, et de toutes façons essayer de considérer chaque nouveau jour comme étant le premier.
