Ce jour-là donc, France Inter m'a d'abord appris sur un ton humoristique que si le sexe masculin a cette forme particulière de champignon, c'est pour évacuer le sperme d'un éventuel prédécesseur, une sorte de "pousse-toi de là que je m'y mette" mécanique. La nature est bien faite !
Pour la nature humaine c'est beaucoup moins évident... Poussé par une curiosité toute culturelle, en fin de journée j'ai voulu suivre à la télévision "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Sade", car justement je n'en savais pas grand-chose, à part le terme "sadisme" et le souvenir très lointain et dérangeant de l'adaptation de Pasolini des "120 Journées de Sodome" au cinéma.
Ce documentaire retraçait la vie plus que chaotique de Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814), que je ne vais pas détailler maintenant. Ses débauches scandaleuses, ses écrits érotiques plus que transgressifs et son athéisme fanatique lui ont valu de multiples fuites, des condamnations à mort évitées de justesse, et en tout trente ans d'emprisonnement qui n'ont jamais assagi un homme qui proclamait que "la véritable liberté consiste à ne craindre ni les hommes, ni les dieux".
Si, parmi les personnalités qui commentaient ce parcours extraordinaire, certains n'éprouvaient qu'une totale réprobation, les autres y reconnaissaient une fascination pour cette exploration des pulsions humaines les plus inavouables, une expression de liberté totale, voire une forme de féminisme puisque Sade a placé plusieurs héroïnes dans ses romans, une rareté pour l'époque.
C'est peut-être ce qui a poussé Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault dans leur chorégraphie "Sade, le théâtre des fous" à s'inspirer de la fin de vie du sulfureux marquis, alors enfermé à la maison de santé de Charenton où il avait la possibilité de créer des pièces de théâtre faisant participer d'autres internés.
De façon certaine, c'est ce documentaire qui m'a permis de découvrir Marie-Claude Pietragalla (ex danseuse étoile de l'Opéra de Paris, née en 1963, faites le calcul), dont j'ai trouvé le visage émouvant, le discours profond, la danse gracieuse et libre. Malgré quelques réticences pour la danse contemporaine, j'ai été impressionné par ce que j'ai vu. Sa dernière chorégraphie s'intitule "La femme qui danse" et moi j'ai cru deviner que cette femme danse aussi sa liberté.
Marie-Claude Pietragalla, la femme qui danse sa liberté Encre, café et aquarelle sur A4 180g |